31
Mai
2015

Experts : La méthodologie de l’Indonésie sur les décès dus à la drogue est problématique



Melbourne, Australie- Les experts remettent en question la « méthodologie très problématique » qui a généré des données « très peu fiables » sur lesquelles le président a basé sa position ferme contre les drogues.

L’Indonésie, malgré la condamnation internationale de l’exécution de condamnés pour drogue (principalement des étrangers), maintient sa politique de guerre dure contre la drogue. Cette année, 14 trafiquants de drogue ont été exécutés, ce qui montre la façon dont le Président Joko Wikoko soutient sa guerre contre une prétendue « urgence narcotique » qui, selon lui, tue 40 personnes chaque jour. Les experts ne le croient pas.

Son bureau a cité les données issues de recherches menées par son agence des stupéfiants (BNN), mais les chercheurs contactés par Reuters ne sont pas d’accord sur ces données peu fiables.

Un bref historique : BNN a mené une recherche aboutissant à la conclusion que plus de 14 000 personnes meurent chaque année à cause de la drogue, sur la base d’une interview de 2 100 consommateurs de drogue à qui l’on a demandé combien de leurs pairs consommateurs de substances illégales étaient morts l’année dernière. Et à partir des réponses, BNN a extrapolé ce « chiffre » sur le nombre de décès liés à la drogue en Indonésie.

Selon une chercheuse sur la consommation de drogues, Kathryn Daley de l’Université RMIT, la méthodologie utilisée était très problématique et les données générées étaient donc très peu fiables.

Lorsqu’on lui a posé la question, BNN a défendu ses recherches en disant qu’il s’agissait d’une méthodologie solide.

Le président a souvent déclaré que les décès liés à la drogue dans le pays étaient ce qui avait motivé sa décision de refuser toute clémence pour les trafiquants de drogue ainsi que l’accélération du rythme des exécutions (depuis l’année dernière, lorsqu’il est entré en fonction, après un moratoire de cinq ans).

Lors d’un discours télévisé en décembre devant des étudiants universitaires, il a déclaré que le crime lié à la drogue était impardonnable et a ajouté que l’exécution était nécessaire pour la guerre contre la drogue du pays.

Mais même si Widodo est populaire chez lui, il ne l’est pas auprès de la communauté internationale. En fait, il a tendu les relations avec plusieurs pays, dont les Pays-Bas, le Brésil, l’Australie et le Nigéria (toutes les nations ont fait exécuter des citoyens liés à des crimes liés à la drogue).

Chercheurs en santé : La méthodologie de la recherche a posé des problèmes (par exemple, se baser sur des souvenirs pour prédire le taux de mortalité lié à la drogue à l’échelle nationale).

Zhenhming Chen, de l’Université d’Oxford, a déclaré qu’un moyen fiable d’étudier les décès consisterait à suivre un groupe de plus de 50 000 personnes, dont certaines étaient des toxicomanes, pour voir qui est mort et comment on est mort au fil du temps.

Mais lorsqu’on lui a demandé quelle était la méthode utilisée, Slamet Pribadi, représentante de BNN, a déclaré et insisté sur le fait que la méthodologie était valide et qu’elle générait des données fiables.

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